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Une 3e Guerre mondiale est-elle possible ?

Un peu comme en février 2020, et alors qu’on parlait de plus en plus d’une possible pandémie, nous voici deux ans plus tard, en train de parler d’une possible guerre à l’échelle mondiale. Comme je ne suis pas spécialiste de géopolitique, je ne vais pas vous faire en 3 minutes une analyse de ce conflit… ni vous exposer les différents scénarios envisageables.

Non, bien sûr que non, en revanche, je vais vous exposer ce qui me frappe dans ces événements qui ont une portée mondiale, c’est l’incertitude dans laquelle ils nous plongent.

A ce jeu-là, tous les experts sont à peu près perdants : soit ils dramatisent trop et personne n’y croit, soit ils dédramatisent trop et personne n’y croit non plus.

Au fond, on a tous envie de savoir ce qui se passe, ou plutôt de savoir ce qui va se passer, mais personne n’est en mesure de le savoir. En fait, on vit précisément un moment historique, et drame, justement : l’histoire est en train d’avoir lieu.

Et drame bis : on ne peut parler que de la suite sans savoir précisément quoi prévoir. Tout n’est que probabilités, hypothèses, bref, tout reste encore possible.

Le possible succède à sa réalisation

C’est une des plus belles notions en philosophie : le possible. Car, de fait, avec le possible, rien ne semble relever du fait. Avec lui, le possible, tout est possible. C’est-à-dire déjà là mais pas encore là. Avec lui, tous les espoirs sont permis et le pire n’est pas à exclure. Le possible plaît à tout le monde car chacun y voit ce qu’il veut… pour l’avenir.

Et voilà qu’on y vient : à cet énorme malentendu qui concerne le possible. L’avenir. Car chacun s’accorde à penser qu’une chose, pour se réaliser (dans l’avenir), doit d’abord avoir été possible (dans le passé). Mais depuis Henri Bergson, les choses ont changé et on a appris, avec lui, que le possible ne précédait pas le réel mais lui succédait.

Bergson raconte ainsi qu’au moment de la 1ère GM, un journaliste est venu lui demander comment il envisageait l’avenir. Ce à quoi il a répondu :“Mais l’œuvre de demain n’est pas encore possible. Qu’un homme de talent ou de génie surgisse, qu’il crée une œuvre : la voilà réelle et par là même elle devient rétrospectivement ou rétroactivement possible.

”L’idée est claire : loin de rendre réel le réel, le possible est rendu possible par le réel. Après coup. Une fois que le réel a eu lieu. Mais pas avant. Ce qui est quand même un sacré paradoxe.

Parler d’avenir malgré tout

C’est ça, nous ne le saurons qu’après, rétrospectivement, rétroactivement, comme dit Bergson. Et c’est pourquoi tout ce que l’on envisage, tous les scénarios élaborés, tous les projets dessinés, pour l’avenir, que ce soit le nôtre, ou celui de la planète comme un conflit mondial ou une pandémie, ne relève littéralement pas de la possibilité.

Mais alors de quoi, de quoi relèvent-ils ?

Eh ben, c’est bien le problème : de quoi parle-t-on quand on parle de l’avenir ? comment qualifier tous ces discours, ces débats, ces chroniques, où l’on tente de comprendre ce qui va ou peut se passer dans le monde ?Est-ce du vide ? Est-ce de la fiction ? Rien dans le présent ne permet donc de se figurer l’avenir ? Eh bien, non, rien, nous dirait Bergson. Et je trouve ça bien qu’il dise ça. C’est vrai qu’en disant ça, il ne sauve pas de l’incertitude, et même nous y enfonce.

Mais quand on y pense, n’est-ce pas la meilleure manière d’être libre et ça, deux fois : d’abord en se libérant d’une histoire qui serait forcément écrite à l’avance. Et ensuite, en nous donnant l’occasion d’assumer nos erreurs de prévisions, car oui on va forcément se tromper…

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